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Josué Baudin : négociant avisé et intrépide
Un certain nombre de grandes fortunes rétaises se sont construites sur le sol des riches Antilles. Josué Baudin, né à la Prise des Portes dans l’île, le 8 décembre 1683, en est la preuve irréfutable. Il a certes bénéficié d’un environnement économique exceptionnel, mais son tempérament aventureux et ses connaissances du commerce maritime international ont contribué à sa réussite.
Issu d’une famille de gros négociants, Josué Baudin est formé dès sa plus tendre enfance au commerce. Il est envoyé aux Pays-Bas, qui régnaient alors sur le commerce maritime international, pour apprendre la langue et toutes les finesses d’une navigation marchande en temps de paix, mais surtout de guerre.
Devenu capitaine de vaisseaux marchands et corsaires, il sillonne les mers avant de prendre la succession de son frère Pierre, rentré de Saint-Domingue en 1711. Jo, installé au Cap Français à Saint-Domingue, c’est-à-dire le Haïti d’aujourd’hui, va faire fructifier les affaires coloniales de la famille. Cette île encore appelée Perle des Caraïbes, va connaître au XVIIIe siècle un formidable essor économique grâce au sucre. Il achète des « habitations sucrières », comprenez plantations, qui en pleine expansion – elles seront au nombre de 8 000 au XVIIIe siècle – nécessitent de plus en plus de main-d’oeuvre et vont transformer l’économie insulaire. Josué vend des esclaves noirs et en vend de plus en plus.
En effet, peuplée en 1681 de 2 000 esclaves et 4 000 Blancs, Saint-Domingue compte un siècle plus tard, en 1789, environ 500 000 esclaves et 31 000 Blancs. La même année les exportations de sucre dépassent les 80 000 tonnes et Saint-Domingue devient le premier producteur mondial de sucre. Les ports atlantiques français bénéficieront également de ce commerce triangulaire. Négociant, armateur de navires et « habitant » c’est-à-dire propriétaire de plantations, Josué fait venir des parents et amis rétais pour le seconder. L’émigration de l’île à Saint-Domingue fut importante, on identifiera jusqu’à 250 Rétais. Josué Baudin était sans aucun doute un homme intelligent, actif qui ne se laissait pas arrêter par les interdictions : il se serait ainsi adonné à des trafics commerciaux prohibés avec les colonies espagnoles, le commerce n’étant autorisé qu’avec la métropole. On comprend que dans cet environnement économique exceptionnel ses affaires aient été florissantes.
Le temps des honneurs
En 1739, il séjourne plusieurs semaines à Ré et vend tout ce qu’il possède dans l’île. Même s’il a pris la décision de s’installer définitivement à Saint-Domingue, il soigne sa notoriété et achète, à l’occasion d’un passage à Paris, une charge anoblissante : « conseiller du Roi, secrétaire particulier des finances de la maison et de la couronne de France ». Les familles de négociants de cette époque n’hésitaient pas à s’installer de chaque côté de l’océan Atlantique pour mieux maîtriser les échanges commerciaux, mais il était vital pour leurs affaires de ne pas se laisser oublier ! Il prendra également le temps de faire exécuter son portrait qui se trouve actuellement à l’hôpital Saint-Honoré de Saint-Martin de Ré.
En 1745, en échange d’une prière annuelle à sa mémoire, il fait par testament olographe, une importante donation à l’hôpital Saint-Louis : 24 000 livres, pour qu’à sa mort « six nouveaux lits soient acquis par cet établissement pour y recevoir les femmes infirmes et les y conserver jusqu’à la fin de leurs jours ». Il décède quatre ans plus tard, le 23 août 1749, dans son habitation du quartier Morin, plaine du Cap. Ce fameux Cap Français, sur la côte nord d’Haïti, près duquel Christophe Colomb avait débarqué en 1492.
Catherine Bréjat
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